Extrait de "Théorie du voyage"
de Michel ONFRAY
Ahou….hou…hou…!
Au centre d’une clairière, noircie en l’orée de sapins séculaires, assis au sommet d’un rocher, bien calé sur ses pattes arrière, un loup dans la lumière argentée, tend le cou et hurle en direction de la lune, unique témoin de son désarroi !
Ahou….hou…hou…!
Dans son imperturbable sourire auréolé de compassion, l’astre demande avec tendresse :
Il te nomme « prédateur » pour avoir tout au plus attaqué quelques moutons ou brebis en saison de grande disette dans le seul but de nourrir ta tribu et assurer la survie de ta meute. Oubliant un peu vite que certains de ses congénères, tapis dans l’ombre d’un bosquet fondent sur d’innocentes proies leur faisant subir les pires forfaits sans autre objectif que de satisfaire leur perversité !
L’homme a peur du loup, car dans votre regard, il ne trouve pas son reflet !
Ne pouvant soutenir tant de justesse et de sérénité, sûr d’asseoir sa virilité par la longueur du canon vers vous pointé, il parade, pantin désœuvré, trainant ombre de lui-même, la carcasse sanguinolente d’un sage exterminé !
Et parlant d’injustice, le loup, ne sois pas trop généraliste dans tes pensées. Parle d’espèce humaine plutôt, car en la femme, tu as une alliée. Elle connaît tes mystères et vénère tes enseignements. Rome n’est elle pas née du sein d’une louve à jamais consacrée ?
Ne cherche pas à être reconnu, c’est un tourment humain qui crée bien des désordres ! Il ne te sert à rien de vouloir approcher l’homme. Tout comme il l’a fait avec ton cousin le chien, il ne chercherait qu’à t’asservir en une funeste domestication ! Continue de l’inquiéter, fais lui peur, montre les crocs, hérisse l’épine dorsale, hurle à la lune (Ahou….hou…hou…!) et retourne fier et vainqueur vers la sombre forêt, laissant en ton sillage, briller la flamme terrifiée qui vacille dans les chaumières !
Tu es le loup et seules les âmes qui te respectent ont droit à ta confiance ! Ne l’accorde jamais au premier rôdeur venu ! « Le petit chaperon rouge » est un conte qui ne dessert pas ta réputation. Son auteur devait aimer les loups : en les faisant passer pour sanguinaires, il protégeait ainsi leur liberté !
Ahou….hou…hou…! Ahou….hou…hou…!
Le message de la lune venait d’être transmis !
texte Monique ALLIETA
La houle frappe de toutes parts !
Je suis balloté sans plus savoir si c'est de bas en haut ou de gauche à droite. Les sens n'ont plus de direction, l'eau est partout, je suis l'eau...
Je sens des bras autour du mien qui cherchent à m'extirper du fracas. Je bois la tasse, les tasses, un tonneau probablement !
Dans la nuit, tous les chats sont gris, mais qu'en est-il des poissons ? Je n'ai pas le temps de vérifier et vais probablement en rester là, sans savoir...
Aspiré, happé par les événements, je distingue au loin une terre d'asile, à moins que ce ne soit un vaisseau. La sensation de ce bras qui enserre le mien est toujours palpable et je sens bien qu'il me tire vers l'inconnu : une plage de sable émeraude au bord de laquelle une femme à demi-nue brosse les longs cheveux d'or d'une enfant ; Paisiblement elle chante dans une douce sonorité. Ici, l'océan a retrouvé son calme, il n'est plus bleu mais or et les vaguelettes déposent près de la mère et l'enfant des rangées de perles irisées qu'elles s'amusent à filtrer entre leurs doigts.
Le bras caresse mon coude d'un geste rassurant et c'est ainsi que je découvre que les sirènes ne sont pas légende, mais êtres salvateurs.
Comment vais-je raconter tout ceci ?
Monique
Dernier appel radio !
La tempête ! le combat !
Dernier appel radio !
Le vent ! mayday mayday !
Dernier appel radio !
Les vagues ! la houle !
Dernier appel radio !
On a perdu le Nord !
… fondu au noir…
Le bateau sombre et s’éparpille
Une planche par ici une voile par là
Les affaires du marin se dispersent
Tournoient dans le courant, puis
Se déposent dans les grands fonds.
L’embarcation, les instruments de navigation, les vêtements, le ravitaillement…en quelques instants devenus inutiles, absorbés dans un entre deux mondes
CALME SILENCE APESANTEUR
Le marin, profitant de cette aubaine, devient aussitôt poisson.
Il a filé, en fait, vers la côte, là où les courants sont plus chauds.
Un rêve réalisé !
Isa
Sujet de l'atelier d'écriture : "Qu'est-il arrivé à Alain COLAS" ?
Devant l'immensité des dégâts de mon embarcation, car tel est le nom qu'il reste de mon bâteau, je reste longtemps dans le doute, plus rien ne me relie à la vie.
Je suis là, au milieu de cette mer, ébloui par la réverbération du soleil sur l'eau et pour seul bagage, mon canot de sauvetage. Je suis là, étendu sur le dos et ne sais depuis combien de temps je dérive. Je ne suis même pas certain d'être encore en vie...
Cette lumière ? Est-elle la porte du Paradis ?
Je suis tout engourdi et mouillé jusqu'à l'os, pourtant je n'ai ni peur, ni froid. Peut-être parce que je sais qu'ici une nouvelle aventure s'offre à moi et que pour la saisir, il me faut m'adapter. Je finis par me laisser voguer et laisser les souvenirs venir à moi. Cela dura une éternité et pourtant ni la faim, ni le froid n'avaient raison de moi !
Il était temps d'accepter que je n'étais plus moi, du moins un moi comme je l'avais été.
Le soleil se coucha et mon âme s'éleva, la clef était là, ancrée en moi.
Un monde merveilleux s'offrait à moi et enfin le bruit revint : chants de mouettes, danse des baleines, guirlandes de poissons...
Bâteaux échoués, marins dansants, sirènes hurlantes, tout un monde d'un autre monde me tendait les bras.
Ici les plus beaux trésors étaient à trouver et plus j'imaginais, plus mon monde se créait !
Audrey
C'est un voyage en 6 étapes que nous avons entamé sur un ENI (esquif non identifié) en direction de la première escale vers l'île du Rêve. Paradoxalement c'est sur le tragique destin d'Alain Colas que s'est porté mon choix pour ce premier atelier.
La question était : "Qu'est-il arrivé à Alain Colas ?"
Puisqu'on ne sait rien, tout est donc possible dans le domaine du rêve...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Colas
Je retrouve mon blog après de nombreux mois d'inactivité (pour lui, pas pour moi !)
Grâce à la réalisation d'un rêve qui me tenait à coeur depuis longtemps : ouvrir un atelier d'écriture.
Je partagerai ici les textes de celles (participation exclusivement féminine pour l'instant) qui acceptent de me confier leurs écrits et les miens.
Sans se prendre pour George Sand, en toute humilité se laisser inspirer, puis s'exprimer. Image paisible du mouvement respiratoire : insipré, exprimé ... Nous verrons plus tard pour l'expiration !
Un petit passage pour dire que j'ai découvert un site qui propose un générateur de mandalas très ludique et facile d'utilisation : il s'appelle Kaléidoscope Painter
www.permadi.com/java/spaint/spaint.html
Acabrabra est l'invocation clamée par la plus jolie des petites fées que je connaisse lorsqu'elle fait de la 'magique' ! Tout alors devient possible, même le loupage, sans conséquences dramatiques, il suffit de recommencer et d'y croire !